Quand le doute est trop lourd il faut puiser dans les convictions de la foi.
Pour percevoir le lien entre l’image et le texte, je vous invite à regarder deux fois, trois fois cette image. Le point de vue est important. Je regarde d’en bas. En bas de quoi? Qu’est ce qui se regarde d’en bas? Le parent pour l’enfant. Le dieu pour l’homme. Les étoiles pour le rêveur. L’inaccessible et le possible pour l’homme qui marche du premier et statique Kouros au dernier qui n’a plus le temps de rien. Le point de mire, le point de fuite, la perspective. Le projet. Le désir. L’envie. Le bonheur. L’amour … Peut être plus simplement je propose un relecture du testament de Rodin pour comprendre mieux: “Tout est beau pour l’artiste, car en tout être et en toute chose, son regard pénétrant découvre le caractère, c’est-à-dire la vérité intérieure qui transparaît sous la forme. Et cette vérité, c’est la beauté même. Étudiez religieusement : vous ne pourrez manquer de trouver la beauté, parce que vous rencontrerez la vérité.” Le plus difficile pour l’artiste n’est pas de se concentrer sur sa recherche ni sur l’étude, ceci étant une constante de vie, mais de lui trouver une utilité. De l’inutilité des hommes naissent ses idées noires, créer pourquoi, pour qui. Pourquoi extérioriser une pensée qui vit très bien sous forme d’idée, de concept, pourquoi sculpter quand quelques mots suffisent, pourquoi le partager et avec qui. Le monde est tant occuper à se détruire pourquoi créer. Peu importe? Non. Pour que la vie de l’artiste ait un sens, dans l’absence de signe tangible au quotidien, il reste la foi. La foi se trouve à ses origines, là ou elles sont nées, dans l’émerveillement du beau. J’ai souvent entendu que le beau n’est plus tendance, j’ai souvent croisé des amants perdus qui ont oublié qu’au départ, un jour il y a longtemps, quelque chose de beau et d’immatériel est né de leur corps mortel, ce sentiment qui ne se maîtrise. Lâcher prise, se laisser enivrer dans les bras de Baudelaire, caresser le marbre et accepter les imperfections rugueuses de la gradina comme zones de douleur entre les parties lisses et tranquilles, chercher à retrouver non pas dans la matière mais dans le regard de l’autre cette magie, qui telle une danse sacrée nous rappelle combien nous sommes vivants. Quand le doute m’envahit et que la foi s’estompe, je vais à Florence, je vais à Paris, je vais calmer le tumulte de mes émotions dans la rivière de mes ancêtres.
Théorie de la perception. La culture à l’ère de l’intelligence artificielle. Si la reproductibilité de l’art a participé à sa démocratisation le rendant plus accessible dans des formats et supports variés, et si l’on peut déplorer une baisse de qualité sur certaines de ses formes, la vérité du message contenu n’est pas forcément une cible à abattre. Il est cependant plutôt facile de différencier une bonne d’une mauvaise copie, l’exercice est plus complexe quand il s’agit d’identifier la désinformation dans le flux quotidien des images virtuelles. Je fais allusion aux images produites par intelligence artificielle qui envahissent les réseaux sociaux, et qui représentent une chimère artistique avec en légende l’attribution d’une oeuvre existante. Il est difficile de comprendre ce qui motive ces publications, à moins que cela ne serve à alimenter de nouveau mots comme le slop, terme anglo saxon qui cadre désormais le concept d’image artificielle de basse qualité, ainsi que ses dérivés comme le slop mode qui correspond à une attitude de créativité débridée qui n’inclût pas forcément de cadre qualitatif. Je voudrais proposer un parallèle avec le schéma qui se retrouve sur les façades des cathédrales, affichés à valeur identique et gravés dans le marbre aussi bien les travaux des saisons ainsi que les évangiles, le schéma de la parole d’évangile comme valeur absolue. À coté d’une vérité s’inscrit fièrement une idée de l’esprit, un concept, un idéal, qui s’appuie sur la valeur d’une vérité pour tenir debout. Ainsi l’on peut voir Ève sortir du flanc d’Adam sur un haut relief du grand Wiligelmo sur la Façade du Duomo de Modena et les reliefs des travaux des mois sur le même édifice dans lesquels les gens du peuple peuvent se reconnaitre dans leur quotidien et y identifier la vérité sans avoir besoin de savoir lire le latin. La différence entre cet exemple médiéval, témoignage à haut niveau de la recherche de naturalisme des arts figuratifs, et une image bidon, se situe dans le fait que savoir apprécier une oeuvre sculptée au médiéval appartient désormais à peu alors qu’apprécier une image bidon est à la portée de tous. Le peuple à qui était destiné ce langage sculpté n’est plus le même, aujourd’hui on sait lire les mots alors qu’il devient plus difficile de décrypter les images qui sont pourtant omniprésentes dans notre espace visuel quotidien. Peut être n’y accorde-t-on plus assez de temps, il y en a trop. Sans compter qu’aujourd’hui la sculture romane subit une baisse d’engouement, j’ai souvent entendu dire que l’art médiéval est moche ou mal fait, comme si les hommes de cette époque avait perdu la connaissance des proportions, alors qu’il s’agit de perception culturelle à une époque ou l’image la plus courante était celle du tangible. À savoir que nous regardons ces hauts reliefs avec nos yeux contemporains habitués à la photographie et à la représentation du réel au détriment d’une perception par la connaissance des signes et de l’abstraction des formes, perception qui requiert un effort de réflexion. Les images IA proposent à fortiori du réalisme à des situations impossibles, donnant au mot incroyable une dimension nouvelle, avec une perception rapide et paresseuse, à la recherche du grandiose et du spectaculaire, peu importe le degré de vérité contenu. Avec une esthétique bien travaillée l’image répond ainsi au besoin de la consommer et de consommer au passage le temps que nous passons sur le net. Et vice versa. On peut donc considérer que ce type d’image répond à un besoin de le consommer, il se satisfait de notre vulnérabilité de consommateur qui achète un produit sur lequel il est écrit qu’il nous fera du bien alors qu’il ne sert à rien. Depuis le début des arts figuratifs, la puissance de l’image est établie, et cette force qui utilise l’intégralité de nos expériences pour expliquer l’invisible, la foi, l’amour, une réponse à nos désirs, et tout ce qui est conceptuel, possède la même potentialité à travers les images virtuelles qu’avec les images gravées peintes ou sculptées. Ainsi le paysan reconnait son labeur dans le marbre comme une vérité, et si c’est vrai qu’en juillet on fait les foins alors c’est aussi vrai que la première femme est sortie du flanc du premier homme. De même la vérité du cheval en marbre de la photo truquée s’appuie sur l’existence de celle d’une éventuelle copie en bronze. Ainsi avec ce schema par amalgame d’une vérité et d’un concept de l’esprit, on a la recette à copier à loisir pour de la propagande et de la réclame, jusqu’au plus absurde des complots. Il suffit de prendre une vérité et d’y associer une conséquence ou un fait dérivé complètement faux, et de le diffuser en y mettant tous les moyens, la répétition jouant aussi son rôle sur la perméabilité culturelle. Une affiche stigmatisante placardée sur les murs, une vidéo d’un faux journal télé et des punaises de lit, un ovni flou, le concept de profondeur de la lessive, un cheval de bronze en marbre! S’il est facile de comprendre le but de la propagande politique qui est expliquée depuis des années en cours d’histoire au collège, il est plus difficile de comprendre ce phénomène nouveau et à quoi sert vraiment de semer le doute sur l’existence d’une oeuvre et de générer des informations trompeuses sur l’histoire de l’art. C’est le deuxième fake que je vois sur le même cheval en marbre dont l’original en bronze se trouve tangiblement et réellement au musée archéologique de Florence, dans chacun des cas il suffit de décrypter attentivement l’image pour en comprendre l’imposture. On finira par douter qu’une partition de Mozart a été vraiment retrouvée, j’ai l’impression que dans un futur proche plein de poulaillers se révèleraient conserver plein de Van Gogh. De quoi devenir parano. Il est vrai que l’on fait de plus en plus de recherches sur internet, et la rémunération au clic peut inciter à publier n’importe quoi du moment que cela fera le buzz. Encore faut-il savoir ce qu’on fait sur internet, car de notre motivation à y naviguer résulte notre propension à devenir une plus ou moins bonne cible au brain-rotting. L’espace virtuel ou circulent ces images slop accueille tout autant la société de masse que la midcult, unifiant ainsi dans sa propagande une nouvelle forme de Pop culture, différente et fille de la précédente. Peut être assistons-nous à la création d’une nouvelle strate. L’image m’amuse beaucoup et loin de moi l’idée de faire un discours moralisateur, il faut s’amuser avec l’image. J’invite à poser un regard sur le phénomène à distance nécessaire pour imaginer demain, car dans tous les cas l’omniprésence de ces slops produites par IA dans l’espace visuel pose problème, et on y arrive au coeur: Si un activiste qui fait peu importe quoi à propos de l’art comme jeter de la soupe dessus est considéré par certains (des noms des noms!) comme un acteur culturel, si l’industrialisation de la culture a donné naissance à différents strates culturels, comment considérer culturellement ces contenus visuels, ou plutôt comment définir la culture qui émergera de l’ensemble de ces images?
Dans chaque recoin des académies patientent des fragments d’académisme qui attendent une forme ou une autre de réveil contemporain. Au confluent des mouvements éphémères, chacun d’entre eux possède la force nécéssaire à traverser le temps et à enfanter encore. Plus j’étudie l’histoire de l’art et de ses techniques, plus je me libère, je me déshabille du superficiel et du temporaire. L’académisme contemporain c’est embrasser l’art complètement nu.
Du fragment à l’œuvre et non pas de l’œuvre au fragment, faire le chemin inverse, remonter le temps dans une analyse profonde. Ma thèse de magistrale de sculpture est une étude du groupe Sakountala de Camille Claudel. Centrer cette oeuvre dans un ensemble de recherches, dans un voyage à travers l’histoire et l’histoire des techniques des arts, permet de prendre conscience de la synthèse qu’il contient, et cela malgré l’état fragmentaire du modèle. C’est probablement en quête de mes origines que j’ai travaillé, de l’origine culturelle et par conséquent de la voie dans laquelle je souhaite situer ma sculpture quelque part entre Florence et Paris. Grâce au verbe de la sculpture contenu dans l’oeuvre fragmentaire du groupe Sakountala, j’ai développé chaque aspect pour lui même, et cherché à comprendre Claudel au delà de la première lecture. Tout d’abord j’ai exposé le conteste historique de l’auteur, entre le symbolisme et l’orientalisme entre autres, et identifié l’hérédité des maîtres du passé, dont les Neo-florentins, pour relier cette oeuvre contemporaine à l’histoire des arts grâce au jeu de piste contenus dans les formes et la gestuelle des protagonistes dont l’origine prend racine jusque dans les oeuvres antiques en passant par la renaissance florentine. Ces recherches m’ont amené à d’autres rencontres tels Octave Mirbeau, Matthias Morhardt, Paul Claudel, ou mieux encore rencontrer Camille dans ses correspondances. Le guide du Musée Camille Claudel à Nogent sur Seine écrit par l’historienne Françoise Magny est très intéressant pour sa richesse d’informations sur l’ensemble des oeuvres y compris sur les Neo-florentins et d’images d’époque, et offre un point de départ pour l’étude des maîtres Boucher Dubois et Rodin. Bien évidement j’en recommande la visite tout autant que celle des musées Rodin et Orsay. Ce prochain mois de septembre Nogent accueillera une exposition consacrée au groupe Sakountala, a cure de Cécile Bertran directeur du musée Camille Claudel, et à l’occasion regroupera autour du modèle original habituellement conservé à Châteauroux un ensemble d’oeuvres qui lui sont reliées. L’idée de les voir ensemble est une perspective réjouissante. Observer Sakountala consiste à l’écouter nous narrer le parcours de son auteur, nous parler des lectures de textes et d’images qui ont nourri Camille, ses influences et sa culture, et enfin sa capacité à restituer dans son art la profondeur de sa pensée. J’ai espoir d’un futur, d’une voie dans laquelle pourront se trouver les jeunes gens en quête d‘idéal dans la sculpture et qui sauront reconnaître en Camille Claudel le maître qu’elle aurait dû être. La voie qu’elle aurait dû incarner et ouvrir jusqu’à nous, dans la lignée de l’art figuratif qui la trouve après Fidia Donatello Leonardo Michelangelo … Rodin. Si Maillol, Bourdelle, et d’autres talentueux sculpteurs ont ouvert des voies vers notre contemporain, Claudel manque à l’appel. Mademoiselle Claudel n’est pas une muse, elle est la voie brisée, comme Desiderio da Settignano décédé trop tôt deux ans son maître Donatello, elle est la grâce interrompue de notre siècle, le maestro manquant. Mienville. Thèse de sculpture. Laurea magistrale, Accademia di belle Arti di Carrara, 28 juin 2024, 110Lode.
Origine. Le marbre que j’ai réalisé en accompagnement de cette thèse est une oeuvre symboliste qui fait référence à LaVague de Claudel et à LaCoquille d’Odilon Redon entre autres, et qui invite celui qui la regarde à l’introspection à la recherche de l’origine du beau et de la relation que chacun entretient avec la Nature. Lire l’article concerné « Origine«
Origine 2024 Marbre blanc de Carrara sur Noir de Belgique
Peut on parler de la plastique de la peinture comme de l’esthétique de la superficialité de la forme sachant que la peinture n’a de forme que celle générée par le dessin accompagné de l’effet visuel de la peinture même qui n’a logiquement qu’une très faible matérialité. Je m’interroge sur cela lors de ma visite à l’exposition qui réunit les préraphaélites et certaines oeuvres de la renaissance italienne au Museo San Domenico à Forlì. Qu’est ce qui différencie un Burne-Jones d’un Leighton ou d’un Watts, ou encore d’un Waterhouse un Morris ou d’un Millais? Réunis dans cette exposition ils sont évidement forts différents et se détachent des autres noms représentatifs du mouvement mais moins connus. Est-ce la forme c’est à dire le dessin de la silhouette des figures, est-ce la couleur, la présence ou l’absence de ce qui donne du relief aux figures; est-ce l’espace par l’effet de profondeur ou de platitude des zones autour des figures; est-ce la délicatesse de la touche et des mélanges, huile, crayon gouache, pastels, selon les choix techniques de chacun qui donne l’envie de croire que ce que l’on voit est une réponse à notre désir du beau? Pourquoi les croquis de Ruskin sont-ils importants, est-ce par leur impact dans la diffusion du concept de grand tour ou par leur esthétique graphique, ou encore par l’analyse architecturale représentée, ou bien le fait que ces dessins soient une conséquence directe de ce qu’un bel esprit fait de ce qu’on lui donne à ressentir? Etait agencée dans le coeur de la nef, le musée San Domenico étant une ancienne église, une série de tapisseries par Burne-Jones et Morris: aucune touche de pinceau rien que du fil teinté, une composition parfaite et des figures qui se détachent du fond comme dans les peintures de Botticelli, on ne peut pas parler ici de plastique de la peinture mais de la tendre sensation intime que génère la tapisserie dans un intérieur élégant, est ce que l’idée de l’oeuvre portée par un tel matériau n’acquiert pas une dimension supérieure car appartenant à un style décoratif de niche dont la rareté n’a d’égal que le coût mérité de fabrication. Est-ce que l’histoire de la quête du Graal, ou toute autre histoire qui raconte comment le beau ne se situe pas dans l’esthétique plastique mais dans les actes des hommes, constitue ce qui donne à l’oeuvre sa magie séductrice, c’est à dire est que le fond est plus important que la forme. Ou bien au contraire, est ce que la plastique d’une oeuvre peut à elle même véhiculer l’esthétique au delà de la forme même de ce qui est représenté, et est-ce que cela intervient sur notre désir de la posséder ou de la regarder des heures. L’esthétique de la tapisserie, celle de la peinture à l’huile, et enfin celle du marbre sont elles des facteurs importants dans la qualification de l’oeuvre d’art. Vous vous doutez bien que si j’ai passé deux ans à Carrara ce n’est pas pour admettre qu’un simple truc en quelconque machin chose puisse véhiculer autant de concepts. Pour ma thèse j’ai réalisé un coquillage en marbre, une oeuvre symboliste aux différents concepts historique et formels. J’ai réalisé en regardant mon travail que ce que j’avais fait n’était pas un coquillage, car quand on en regarde un véritable on regarde l’Oeuvre de la Nature, alors que regarder un coquillage en marbre c’est regarder l’Oeuvre de l’Homme qui regarde la Nature, et aussi la Nature de l’Homme comme poussière cosmique. Et je me suis demandé si une traduction en bronze aurait la même valeur conceptuelle. Le bronze dans ce cas de cette forme complexe aux aspects superficiels travaillés de façons différentes pourrait sans aucun doute présenter un intérêt visuel intéressant, surtout agrandit à faire de nous des lilliputiens rêveurs, le matériau prestigieux a sa propre plastique et sans aucun doute ce serait une traduction que j’aimerai voir. Mais ce ne serait qu’une coquille vide en bronze, c’est à dire une superficialité à la plastique intéressante dont l’aspect offre une esthétique séduisante, une invitation au voyage entre autre. Mais vide de matérialité, à l’oeuvre serait ôté son aspect cosmique qui n’est lui contenu que dans sa naissance par extraction de la montage blanche, poussière d’étoile dans le vide cosmique. Les arts du feu sont des arts de l’esprit, hérités de Prométhée, les arts de la pierre sont des arts du labeur d’Hercule pour le temps qui lui est donné de vie.
Détournement: Frederic Leighton Greek girls picking up pebbles by the sea 1871 + Origine Mienville 2024
Image non produite par IA. Photographie cours de restauration de la sculpture ABA Carrara 2023
Nous sommes les pécores de l’esclavagisme digital: Pour domestiquer les rebelles, il suffit simplement que leur laisser croire qu’ils ont raison de ne pas s’investir dans une société gérée par l’argent: il y contribueront gratuitement au profit de ceux qui la gèrent. Grâce à la publication gratuite et volontaire de nos contenus artistiques sur les réseaux sociaux, réalisés suite à un temps infini d’efforts de sacrifice de talent et de passion parfois coûteuse dans l’espoir de se faire remarquer et de recevoir quelques “likes”, constituent le premier strate d’esclaves de la digitalisation. Une fois cela admis, il reste le problème du référencement. Avant les réseaux sociaux, il fallait publier des contenus intéressants et les formater correctement pour qu’ils soient visibles dans les moteurs de recherche. Sur les réseaux sociaux le contenu est considéré intéressant s’il remplit les critères de la tendance et une régularité quotidienne, et si bien sûr on en finance la diffusion. Les followers ne voient ces publications en définitive que si les artistes payent. Ils ont donc dédié un temps énorme à travailler pour animer le flux de leurs images, pour le propriétaire de l’app qui se paie avec la publicité et désormais aussi pour les propriétaires des app d’intelligence artificielle. Les contenus des artistes servent de base pour les applications d’intelligence artificielle qui moyennant un abonnement payant pour l’utilisateur, vole la valeur des images et contenus artistiques d’autres personnes. Je rappelle que ces oeuvres sont publiés pour toucher leur public, et non pas à fournir des idées à ceux qui en manquent par le biais des robots que l’on nomme avec vanité Intelligence artificielle. Les contenus textes et images sur internet produits par des artistes sont élaborés avec leur intelligence naturelle, et doivent être protégés. J’ai mon propre site web, et bien que je refuse qu’une IA utilise mes publications sur le web pour créer des contenus car cela viole mes droits d’auteurs, rien n’empêche le robot d’analyser les données que je place gratuitement à sa disposition. META envoie en ce moment un droit d’opposition, et cela ne concerne que ce qui est partagé sur le réseau. À quand une loi qui protègerait toutes nos publications y compris sur nos propres blogs et sites web?
Mai 2024 Pendant que je me consacre à mon mémoire de thèse de magistrale à Carrare, je me souviens de l’expérience de la thèse précédente. Pendant les trois années de sculpture à Florence, la salle 19 était un ventre silencieux, un berceau, un four, une tranchée de guerre, un temple, une grotte. La pensée active à l’intérieur de laquelle était tangible à donner le vertige. Mon mémoire porte en partie sur cela, le lieu où naît le concept et où il reçoit structure, ordre, plastique, le lieu où naît la pensée. J’entends comme concept de départ et comme espace propice à son alimentation, qui suit un chemin lent et laborieux à travers les différents ateliers pour prendre forme d’œuvre d’art. A19 est le nom de la salle inscrit sur la porte de la salle de sculpture du professeur Stefano Patti. Lire Rodin m’a suggéré l’idée de consacrer mon mémoire à la transmission des savoirs, à la relation spirituelle et humaine étroite entre maîtres et étudiants, et c’est en suivant des thèmes précis du cours de sculpture que j’ai structuré les chapitres. Lors de la rédaction, j’ai essayé de relier de manière contemporaine l’enseignement reçu dans les livres et l’enseignement concret en classe, avec un long entretien avec le professeur Patti. Dans le sujet je fais référence à l’astrophysicien Reeves qui nous parle de la matière et de l’intelligence qui l’anime, en relation avec l’art de la sculpture qui traite aussi de la matière, de la vie et de l’espace. Il était également important de se référer au cours de mon professeur de lycée Jacques Very dont les enseignements m’accompagnent depuis des décennies, et à mon parcours d’études à Florence avec Patti et les autres professeurs. Le cours de sculpture de Patti pendant ces trois années est un cadeau, et j’ai ressenti le besoin de l’historiciser dans ma thèse. Notre « conversation » dans la bibliothèque historique de l’Académie avait pour objectif de nourrir un texte de base pour l’enseignement. Mon professeur a pris le temps de répondre à mes questions, avec sincérité et foi. J’en suis très contente, j’espère qu’il sera utile dans le temps. Quand nous ne serons plus là, ce texte rappellera que certains considéraient qu’il était important de parler et de définir ces concepts par écrit afin de les transmettre. J’ai partagé avec Very cette joie d’avoir réuni dans un même thème les différents « professeurs » qui me sont chers, le professeur du lycée et celui de l’académie, avec une dédicace particulière à la mémoire de mon père qui m’a appris la photographie dont le nom est écrit sur chacune de mes œuvres. Very m’avait confié que l’idée même de notre relation épistolaire à travers le temps et la géographie témoignait de l’importance de la responsabilité qu’un professeur peut avoir envers les élèves qui lui sont confiés, et m’en remercie. Mais combien c’est à moi de remercier ce grand monsieur qui répond encore aujourd’hui à mes lettres, dont la leçon dans les années 86-90 m’avait changé à jamais. À Florence, j’ai continué à développer et à nourrir mon identité artistique jusqu’à ce que je ressente le besoin absolu de répondre à l’appel du marbre et d’aller à Carrare. Maintenant, je retourne à la relecture de la prochaine thèse…
Firenze A19 Ultimo giorno di scuola, trespolo vuoto e sculture portate via, il mio posto di lavoro l’ultimo anno 2021-2022 sotto le ali della vittoria
Maggio 2024 Mentre mi dedico alla tesi di Magistrale a Carrara mi ricordo l’esperienza della tesi precedente. L’aula 19 è stata durante il triennio di scultura a Firenze un grembo silenzioso, una cula, un forno, una trincea in guerra, un tempio, una caverna. Il pensiero attivo cui dentro era tangibile ad averne vertigini. La mia tesi di laurea tratta in parte di questo, il luogo dove nasce il concetto e dove riceve struttura, ordine, plastica, il luogo in cui si nasce il pensiero. Si intende come concetto di partenza e come spazio favorevole al suo nutrimento, che segue un percorso lento e laborioso attraverso i diversi laboratori verso lo stato di opera d’arte. A19 è il nome dell’aula scritto sulla porta dell’aula di scultura del professore Stefano Patti. Leggere Rodin mi ha suggerito l’idea di dedicare la tesi di laurea alla trasmissione dei saperi, allo stretto rapporto quanto spirituale e umano tra maestri e allievi, ed è seguendo argomenti specifici alla lezione di scultura che ho strutturato i capitoli. Ho cercato nella stesura di collegare in chiave contemporanea l’insegnamento ricevuto sui libri e l’insegnamento concreto in classe, con una lunga intervista al professore Patti. Nell’argomento faccio riferimento all’astrofisico Reeves che ci parla della materia e dell’intelligenza che la anima, in rapporto all’arte della scultura che a anche fare con la materia, la vita e lo spazio. Era importante riferire anche alla lezione del mio professore Very i cui insegnamenti mi accompagnano da decenni, e al mio percorso di studio a Firenze con Patti e gli altri professori. La lezione di scultura di Patti durante il triennio è un dono, ed ho provato la necessità di storicizzarla nella mia tesi. La nostra ”conversazione” nella biblioteca storica dell’Accademia mirava a nutrire un testo di base per la didattica. Il mio professore ha dedicato del suo tempo per rispondere alle mie domande, con sincerità e fede. Ne sono molto felice, spero sarà utile nel tempo. Quando noi non ci saremo più, il testo ricorderà che alcuni persone hanno considerato importante di parlare e definire allo scritto questi concetti per trasmetterli. Ho condiviso con Very questa gioia di avere unito in uno solo argomento i diversi “maestri” che mi sono cari, il professore del liceo Very e quello dell’accademia Patti, con una dedica speciale alla memoria di mio padre che mi insegnò la fotografia il cui nome è scritto su ogni opera mia. Very mi ha confidato che a considerare la nostra amicizia e relazione epistolare attraverso il tempo e lo spazio, lui in Normandia io in Toscana, trent’anni dopo il liceo, realizza quanto è importante la responsabilità di un docente preso gli allievi che gli sono affidati, e mi ringrazia. Ma quanto sono io che devo ringraziare questo grande signore che risponde ancora alle mie lettere, la cui lezione negli anni 86-90 mi aveva cambiato per sempre. A Firenze ho continuato a crescere e a nutrire la mia identità artistica fino a sentire l’assoluta necessità di rispondere all’appello del marmo e di andare a Carrara. Ora torno alla rilettura della prossima tesi …
A19 Prova d’esame per il terzo anno, sessione estiva 2022, ritrattistica al vero in sei ore.A19 lezione con il maestro Patti, il bozzetto al vero con modello vivente, foto illustrativa della tesiA19 occupata come deposito di materiali durante i lavori di ristrutturazione della scuola settembre 2022Cover della Tesi : dallo studio al vero fino all’opera in bronzo
Quand la pensée est trop cadrée, sa liberté s’enfuit dans les interstices. Il existe deux façons de regarder cette image: une consiste à voir les caractères d’imprimerie qui servent à encrer noir sur blanc les mots, l’autre à voir l’espace libre entre les mots. Deux interprétations possibles: la première est que la pensée peut s’enfuir dans le faible espace libre, la seconde que lire entre les lignes permet d’accéder à une pensée complète. C’est à dire que le plein et le vide forment un ensemble qui seul permet de comprendre le visible. Et si on parlait d’évasion… entre les lignes se trouvent aussi bien la signification profonde d’un texte que les divagations que le lecteur produit, caché dans l’absence de forme. Chercher l’invisible dans le visible en littérature suit un mécanisme identique à celui de la sculpture. Chercher le sens du symbole, le pourquoi du comment, le sens imperceptible aux sens. La complexité d’un langage, qu’il soit ici posé à l’envers chez un typographe comme dans le Codex de Leonardo, qu’il s’agisse d’un langage connu de seule quelque élite intellectuelle, ou quand la forme induit une superficialité qui submerge le fond, fait que sa compréhension en sera limitée. D’où l’importance de la capacité de lire entre les lignes je dirais même du désir d’y découvrir quelque chose car c’est finalement là que se trouvent les secrets de l’âme humaine.
Complesso monumentale della Pilota, museo Boldoni, Parma. Photographie Mienville
Un samedi florentin consacré au plaisir était prévu depuis plusieurs jours, et voilà que s’impose à l’improviste un devoir scolaire. Nous étions donc assises dans une salle du Palais Strozzi, invités par le professeur de « Tendance contemporaine » à ce colloque obligatoire sur la crise de la critique d’art quand il me vint une envie furieuse d’aller dans la tombe de Laurent le magnifique. Malgré l’intérêt, ni la tendance ni la critique ne sont dans mes fondamentaux, je dis discrètement à mon amie je m’ennuie et elle répondit moi aussi. nous nous sommes donc enfuies tout aussi discrètement, abandonnant à leur crise ces gens pour lesquels nous, sculpteurs, avions peu d’intérêt. C’est ainsi que commença vraiment la journée parfaite. Depuis les Chapelles Médicis, lieu à l’origine de mon envie de m’enfuir, nous sommes allées au Bargello, où je vais souvent quand j’ai besoin de respirer. Ensuite nous avons retrouvé un ami sous le Persée de Cellini avec lequel nous sommes allés au Ponte vecchio faire quelques selfies avec les touristes. Nous avons mangé des fougasses farcies au cochon achetées à une roulotte, et marché sous le soleil de Toscane jusqu’à Santa Trinità ou nous avons admirés ensemble le Christ en bois du jeune Michel-Ange. Pendant ce temps, des personnes élégantes et cultivées parlaient dans cette salle fermée et pleine de velours sur la crise de la critique d’art, sans que nous n’ayons jamais su à la fin s’ils avaient trouvé une solution à leur problème. Qui sommes nous, simples artistes, pour y changer quelque chose, pourquoi devrions nous vous comprendre vous qui nous ignorez fièrement, notre temps libre nous préférons l’investir en flâneries dans le beau.
Un sabato fiorentino dedicato al piacere, si colloca un imprevisto compito scolastico. Eravamo sedute ad ascoltare gente parlare in un aula del palazzo Strozzi per un seminario sulla crisi della critica d’arte quando ebbi una voglia fulgente di andare nella tomba di Lorenzo. Dissi alla mia collega “ mi annoio” rispose “anch’io”, quindi siamo scappate via discretamente. La giornata iniziò davvero con un giro perfetto: dalle Cappelle Medicee dove ho accontentato il mio primo desiderio, siamo andate al Bargello dove vado sempre quando ho bisogno di respirare, in seguito abbiamo ritrovato un amico sotto il Perseo di Cellini per andare poi al Ponte Vecchio fare delle foto di noi. Abbiamo mangiato delle focacce farcite con roba di maiale, comperate in una roulotte di strada, e camminato sotto il sole toscano fino a Santo Spirito e Santa Trinità. Mentre ciò, gente elegante e colta parlava in quell’aula chiusa sulla crisi della critica d’arte. Ma chi siamo noi artisti per cambiarci qualcosa, il nostro tempo libero lo investiamo meglio a zonzo nel bello.
Le ministère a approuvé le nouveau programme d’études, désormais la théorie digitale sera suffisante pour vous présenter à l’examen de sculpture
Décembre 2024. La petite histoire. Ces MEMEs me sont tombés dans le crâne la semaine de rentrée scolaire aux Beaux Arts de Carrara quand j’ai reçu le nouveau programme d’études de magistrale en novembre 2022. Je m’étais inscrite sur un programme parfait, et sans aucun doute je me serais également inscrite sur le nouveau moins bien construit, mais quand on choisit un programme et que le changement implique un renoncement c’est une pilule difficile à avaler. J’ai vécu ces changements dans la douleur, le mot est faible, d’où le besoin de créer ces images digitales sarcastiques. Un exorcisme nécessaire. Le programme 2021 était parfait, ateliers techniques et histoire de l’art, anatomie artistique et apprentissages du marbre et du bronze, le programme idéal pour une spécialisation dans la sculpture figurative, ou pas. Malheureusement le nouveau programme impliquait de remplacer l’étude de l’anatomie par video-sculpture (un atelier de dessin 3D dont les cours étaient essentiellement repiqués sur YouTube) et l’atelier de techniques-de-la-sculpture remplacé par applications-digitales: un cours d’utilisation de modules complémentaires aux applications de dessin par ordinateur qui n’est réalisable que par ceux qui pratiquent des heures de dessin et photographie digitale et par conséquent inaccessible par ceux qui pratiquent essentiellement la matière tangible. Deux ateliers fondamentaux de sculpture remplacés ainsi par deux cours de geeks. J’avais tenté d’expliquer cela au directeur de l’époque, en qualifiant de soupe au digital le nouveau programme comparé au précédent qui était une vraie spécialisation qui mirait à l’excellence. J’avais sous entendu que ce nouveau programme ne visait qu’à faire en sorte que les diplômés ne soit pas trop excellent, il ne faudrait pas déranger les nuls. Il m’avait dit alors « Madame il faut vivre avec votre temps« . Ce qu’il ne savait pas c’est que le digital et moi on est de vieux amis… il avait éludé la question de la spécialisation de niveau académique qui était grignotée par la tendance du digital, faisant perdre du temps aux élèves dans des ateliers inutiles à leur parcours sachant qu’il existe un cursus spécifique pour ces activités digitales. Mais le plus grave est la tendance iconoclaste que subissent les sculpteurs académiques contemporains auxquels on supprime l’atelier de nu, car l’entraînement au dessin d’observation est un exercice indispensable au sculpteur figuratif, ce qui correspond à l’échauffement nécessaire à chaque match: dessiner le nu et les sculptures pour le sculpteur correspond aux dix tours de terrain avant chaque partie pour le sportif. L’atelier de nu et de dessin du squelette et des muscles ainsi que le dessin des oeuvres académiques est un atelier qui doit être accessible chaque année en option en plus des deux années obligatoires si le figuratif est la spécialité choisie par l’élève. J’ai réussi à changer un des deux cours grâce à l’intervention de la nouvelle directrice pour accéder à toutes les compétences que j’étais venue chercher à Carrara, mais j’ai quand même dû me coltiner l’autre. Par respect pour l’enseignant et pour l’institution académique j’ai fourni un travail à la hauteur et même plus, mais c’est à chaque fois à contrecoeur que je devais laisser l’atelier de sculpture pour aller m’asseoir derrière un bureau. Je trouvais absurde d’aller à Carrara chercher les connaissances du travail du marbre pour m’asseoir à un PC comme il aurait été absurde d’aller à Firenze pour étudier la renaissance sur Wikipédia. L’année suivante le programme était de nouveau changé pour le nouveaux et un seul des deux cours digital était obligatoire, comme quoi s’indigner et se rebeller est utile au moins pour les autres. Les sarcasmes m’ont toujours fait rire et ces images en sont le témoignage, fort heureusement ces deux années à Carrara ont été si intenses qu’à bien y réfléchir je me suis au moins un peu reposée en cours de modelage 3D, contrainte et forcée à glander derrière un écran…
Cours de sculpture digitale 3D Tailleur de pierre– Eau de vie digitale! Courbe vectorielle! Terre-platistes! Réalité augmentée! – Laissez-tomber Capitaine, nous sommes déjà dans Matrix …Can you tell me Harry, how do muggles sculpt without magic? Dimmi Harry, come fanno per scolpire senza la magia? Dis mois Harry, comment font les moldus pour sculpter sans magie?