La boîte de conserve contient généralement quelque chose de caché, bon à l’intérieur et recyclable à l’extérieur.
Ici, le contenant n’existe pas et le contenu se révèle à nous comme matière et forme. Ce que devrait être le produit idéal, un contenu autonome, car il n’y a plus de boîte à recycler, pourtant il ne faut pas se fier aux apparences et bien réfléchir à ce que c’est réellement. Qu’est-ce que c’est? Une souris s’était acharné en mon absence dans un tiroir de l’atelier, essayant vainement de trouver la bonne graine dans ce qu’elle avait interprété comme des coques de fruits, réduisant en miettes mes heures de travail. J’avais trouvé cet été là dans un désastre écologique ce qui restait de ces perles, à moitié mangées. Désormais elles sont recyclées à l’intérieur de la sculpture en résine, produit chimique bi-composant non recyclable. Je ne peux donc pas reproduire l’oeuvre, c’est du one-shot, la souris ne s’invitant pas comme un assistant d’atelier pour produire une série. Tant mieux me direz-vous.
L’oeuvre nous interroge sur la notion même de recyclage et de l’utilisation de produits non recyclables et non durables dans la production artistique. Si je recycle une matière non recyclable dans un produit non recyclable en ajoutant une matière nocive, qu’ai-je finalement résolu comme problème?
Considérant que le ,meilleur déchet est celui que l’on ne produit pas, nous devons considérer le recyclage en produits non recyclables, comme une partie active du problème.

D’ordinaire une boite de conserve contient quelque chose de caché et éventuellement de comestible. Or dans ce cas rien n’est caché et surtout rien ne se mange. En a fait les frais une souris qui a passé une partie d l’hiver au chaud dans mon atelier, et qui, à la recherche de quelque nourriture, s’est acharnée sur mes tubes de peinture et sur mes perles. La forme de la perle est trompeuse pour le petit animal qui espérait trouver dedans cette coque colorée quelque amande riche et goûteuse. Cette oeuvre plastique bien que modeste de par sa taille et par la faible préciosité de son matériau, interroge sur le fait même de recyclage à partir de produits difficilement réductibles en fin de vie. J’ai beaucoup utilisé les polymères et les résines pendant des années, créant toute sorte de choses jusqu’à arriver à une maîtrise en la matière, et c’était justement à cause des implications écologiques de ces produits que j’avais décidé de me remettre à la terre et à des techniques expressives moins polluantes. Maintenant avec ce passage de la souris dans mes perles je me retrouve à devoir jeter des fragments non recyclable. J’ai utilisé pour ce faire de la résine bi composants qui n’est pas recyclable non plus. L’oeuvre est donc un one-shot non productible en série, une pièce unique, qui n’a d’autre utilité que de dénoncer l’absurdité que peut prendre le recyclage par rapport et en opposition au message écologique que porte le concept en matière de production industrielle. Dans une optique absolutiste et utopique de nos jours, le meilleur détritus est celui qui n’est pas produit. Cette oeuvre interroge de façon plus générale sur l’absurdité de certains produits industriels produits en masse ou encore sur la durabilité de certaines oeuvres d’art contemporain dont la conservation est à remettre en question.



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