Quand le doute est trop lourd il faut puiser dans les convictions de la foi.
Pour percevoir le lien entre l’image et le texte, je vous invite à regarder deux fois, trois fois cette image. Le point de vue est important. Je regarde d’en bas. En bas de quoi? Qu’est ce qui se regarde d’en bas? Le parent pour l’enfant. Le dieu pour l’homme. Les étoiles pour le rêveur. L’inaccessible et le possible pour l’homme qui marche du premier et statique Kouros au dernier qui n’a plus le temps de rien. Le point de mire, le point de fuite, la perspective. Le projet. Le désir. L’envie. Le bonheur. L’amour … Peut être plus simplement je propose un relecture du testament de Rodin pour comprendre mieux: “Tout est beau pour l’artiste, car en tout être et en toute chose, son regard pénétrant découvre le caractère, c’est-à-dire la vérité intérieure qui transparaît sous la forme. Et cette vérité, c’est la beauté même. Étudiez religieusement : vous ne pourrez manquer de trouver la beauté, parce que vous rencontrerez la vérité.” Le plus difficile pour l’artiste n’est pas de se concentrer sur sa recherche ni sur l’étude, ceci étant une constante de vie, mais de lui trouver une utilité. De l’inutilité des hommes naissent ses idées noires, créer pourquoi, pour qui. Pourquoi extérioriser une pensée qui vit très bien sous forme d’idée, de concept, pourquoi sculpter quand quelques mots suffisent, pourquoi le partager et avec qui. Le monde est tant occuper à se détruire pourquoi créer. Peu importe? Non. Pour que la vie de l’artiste ait un sens, dans l’absence de signe tangible au quotidien, il reste la foi. La foi se trouve à ses origines, là ou elles sont nées, dans l’émerveillement du beau. J’ai souvent entendu que le beau n’est plus tendance, j’ai souvent croisé des amants perdus qui ont oublié qu’au départ, un jour il y a longtemps, quelque chose de beau et d’immatériel est né de leur corps mortel, ce sentiment qui ne se maîtrise. Lâcher prise, se laisser enivrer dans les bras de Baudelaire, caresser le marbre et accepter les imperfections rugueuses de la gradina comme zones de douleur entre les parties lisses et tranquilles, chercher à retrouver non pas dans la matière mais dans le regard de l’autre cette magie, qui telle une danse sacrée nous rappelle combien nous sommes vivants. Quand le doute m’envahit et que la foi s’estompe, je vais à Florence, je vais à Paris, je vais calmer le tumulte de mes émotions dans la rivière de mes ancêtres.