Prometeo

Le charme de la défaite, le héros en pièces sur le champs de bataille, quand l’oeuvre survit dans le fragment.

Dans notre société matérialiste nous avons tendance à oublier que nous sommes nous aussi faits de matière, toujours pressés, la tête pleine de beaucoup de choses superficielles, nous avons oublié que notre essence est portée par une matière écologique et recyclable qui chaque jour va vers sa fin. Ce n’est pas l’objet matériel qui doit être jetable, nous sommes le matériau naturel jetable. Nous sommes temporaire, et la seule chose qui dépasse cette évidence est ce que nous faisons de pérenne. Malgré l’importance de chaque être, personne ne doit être une fin en soi, chacun est un véhicule pour l’humanité. Nous sommes une matière fragile et temporaire qui n’a de pérennité que l’essence de l’Homme, pure vanité que d une penser qu’à soi. À y réfléchir, chaque être dans sa nature évolutive incarne les concepts de progrès, de construction, d’acquisition de connaissances, chaque être se nourrit de différentes façons le tempos qui lui est donné de le faire. Cette notion de progrès en nous contenue peut être à l’origine de notre propension à apprécier tout ce qui est nouveau, tout ce qui nourrit notre curiosité et répond à nos désirs. C’est à cette notion de progrès que je fais allusion dans cette figuration de Prométhée. Le héros qui a donné le feu aux hommes et avec la connaissance de ses arts. Ce pourquoi il était important de le réaliser en terre cuite, le symbole dans le symbole. Avec d’autres symboles… Pour Hubert Reeves il existe une forme d’intelligence que nous pouvons identifier dans ce que nous appelons la Nature. J’aime cette idée qui suit de peu celle de Rodin qui invite à la considérer comme notre unique Dieu. Nous faisons partie d’un macrocosme qui parfois nous effraie, en prendre conscience est vertigineux. Quand je travaille la terre il m’arrive de my perdre jusqu’à la voir me regarder en retour. Vertigineux et étrange, la terre me regarde. Ce travail sur le Prométhée, parle exactement de cela, de donner vie à la matière, car nous sommes tous fait de matière, pour citer Reeves nous sommes faits de poussière d’étoile. L’autre message contenu dans ce travail est la nécessité d’avoir cure de l’écologie, que la pensée écologique n’est pas une idée politique mais bien un acte de foi. Dans la mythologie, Prométhée est soumis au châtiment non pas pour avoir offert la connaissance aux hommes mais pour avoir offensé les dieux pour le faire. Ce que je veux dire avec ce parallèle c’est que le fait de savoir produire ne doit pas nous éloigner du devoir que la connaissance impose, polluer pour créer n’est pas sans conséquence sur la Nature. Si on utilise l’art comme moyen de communication sur les sujets d’actualité, il est également important que le message arrive de façon démocratique, or ce n’est pas le cas, et souvent même on pollue à créer pour parler de pollution à une fraction superficielle de peuple. Choisir le matériau pour une œuvre peut également être un acte politique, ou pas. Mais polluer pour dénoncer la pollution me semble aujourd’hui plus que dépassé. Le choix du matériau commence à peine à effleurer la pensée artistique, j’en crois pour preuve avoir discuté le sujet avec une étudiante en licence de restauration aux Beaux Arts de Bologne qui m’avait assuré que le sujet était d’actualité en ce qui concerne la conservation et la restauration des oeuvres d’art contemporain qui ne sont pas dans des matériaux pérenne ni même dans une forme qui consent une manipulation sereine. Parfois les oeuvres sont de vrai calvaires à déplacer, entretenir, conserver, restaurer. Or dans la conception de chaque chose, il est du devoir et de la responsabilité du créateur de faire preuve d’anticipation aux éventuelles conséquences de son travail. Mais avant d’en arriver là en matière d’art il y a encore du chemin à faire … Quand je regarde l’échec de cuisson de mon buste, mon Prométhée en mille morceaux de terre cuite, innocence du matériau comprise, je réalise que malgré son état fragmentaire et incomplet, il contient encore autant de vie qu’il en avait au départ. La pensée contenue et le message à transmettre sont toujours présent dans un état de ruine, et le concept de ruine ouvre un autre débat sur l’écologie: de quelle qualité sera la strate de notre siècle consignée à l’infini à l’échèle de la vie de la terre.


Modèle Pietro Giannetti.
Creta Maggio 2022
Cotto Luglio 2022

La beauté du diable, état de grâce pendant le travail …

Petite parenthèse à propos de Prométhée, voici celui d’un nancéien, membre de la famille Adam sculpteurs sur plusieurs générations, une oeuvre baroque du XVIIIème conservée au Louvre. Décortiquer les pérégrinations de cette famille nous emmène à Rome, évidemment…

Nicolas Sebastien ADAM, Nancy, Cliquer sur la photo pour accéder au WIKI

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